Allez, fais pas ta Pute ! C’est la Saint-Valentin !

Entrave ton corps dans des porte-jarretelle, pigeonne tes miches dans des balconnets, et si t’as pas d’vase parce qu’on t’offre des fleurs, ben écarte les jambes, Yolande !

Hey, les filles, c’est la Saint-Valentin ! Quoi, vous n’avez pas remarqué le début de cette Grand Messe roucoulante ? Dans les vitrines des magasins de lingerie, le rouge « peep show » a remplacé le pilou tout doux : des strings dont la résistance ne tient qu’à un fil, des bodies au satin agressif pas subtil, de la dentelle grossière, des accessoires suspects… Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin, la fête des z’amoureux ! Ou plutôt, si ! Déguise-toi en tenancière de saloon, y’ a tout c’qui faut ! Faut bien faire plaisir à ton homme pour rembourser le restaurant au menu Spécial-Saint-Valentin- à 80 € par tête sous prétexte que ce soir, ce sera la grande niquade ! Youpla-boum ! Prosper n’est pas ton cousin ! Heureux les heureux qui trouveront leur épouse, compagne ou maîtresse affublée d’une de ces lingeries vendues pour l’occasion d’une vulgarité à faire rougir Pigalle tout entier… Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin !

Eh, Mauricette, il ne te manque plus que la plume dans l'cul !
Eh, Mauricette, il ne te manque plus que la plume dans l’cul !
Pendant ce temps, Natalia qui a tout dépensé en lingerie, ne peux pas payer son éco au resto... ça tombe bien...
Pendant ce temps Natalia, qui a tout dépensé en lingerie, ne peux pas payer son écot au resto… ça tombe bien…

La Saint-Valentin inclut obligatoirement dans l’imaginaire tordu du marketing la grande fête à zizi-pan-pan, les yeux exorbités de Tex Avery sur la pin-up prête à n’importe quelle bassesse pour satisfaire les instincts primaires de Monsieur. Comment a-t-on pu passer des amoureux naïfs et gentiment coquins de Peynet à cette foire libidineuse outrancière ? Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin ! Ainsi, tout être de sexe féminin de moins de 50 ans reçoit dans sa boîte mail mille et une publicités de lingerie coquine spécialement pensée pour l’occasion. Ce n’est plus l’imagination qui est débridée, c’est la culotte tout entière ! Laçages savants par devant, ouvertures à tous les étages, pose alanguie ou air d’ingénue-libertine suçant son doigt façon « oups, I did it again ! » , la femme est objet d’un mauvais fantasme, à la fois pute et soumise. De quoi faire piquer de l’œil ce pauvre Cupidon, lui jadis si mignon avec son carquois est ses flèches en cœur…

Autrefois, la Saint-Valentin avait des airs de carte-postale : des amoureux en sépia pudiques, la modestie d’un bouquet de fleurs ou d’un poème murmuré à l’oreille, c’était un zéphyr caressant et suranné, c’était des dessous chics qui ne révélaient presque rien… Dans les années 60, les amoureux de Peynet s’embrassaient dans une gloriette, on se dénudait gentiment dans un érotisme mignon et mesuré. Notre cœur faisait booum, tout avec lui disait booum, c’était le printemps qui s’éveillait… Que c’était joli, tout ça…

Des cartes postales naïves à la poésie de Peynet…

A présent, le désir brutal du marketing incite la femme à cette mascarade grossière. Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin ! Entrave ton corps dans des porte-jarretelle, pigeonne tes miches dans des balconnets, et si t’as pas d’vase parce qu’on t’offre des fleurs, ben écarte les jambes, Yolande ! Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin ! Le resto est réservé, les roses au prix de l’or achetées et, chérie, j’ai même mis un slip propre, car ce soir, c’est fête ! J’vais t’faire voir plus de 50 nuances of Grey ! Ce soir, c’est moi qui régale ! Allez, fais pas ta pute, c’est la Saint-Valentin !

Alors, Mesdemoiselles, Mesdames, je vous le dis, si vous n’en avez pas envie, si cela vous pompe de vous déguiser en Mme Butterfly de bas-étage et de payer une fortune pour avoir un fil entre les fesses, que vous aussi vous trouvez la saga « Fifty Shades of Grey » d’un pseudo-érotisme ridicule, que le forfait « gastrono-nique » n’est pas votre tasse de thé, vous avez le droit de refuser, vous avez le droit d’exiger une simple séance de ciné avec pour tout dîner une pizza sympa et pas chère, sans passer par l’option Marie-couche-toi-là. Vous avez le droit de dire « merde ! » à cette tradition commerciale vous incitant à faire corps avec un troupeau de génisses en chaleur. Vous avez le droit de dire « fuck ! » à ce sexisme marketé vendant du porno pas chic et de l’amour en toc. Allez, faites pas votre pute, c’est la Saint-Valentin !

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. BORTELLE dit :

    Quel bonheur !!!!! Jouissif !

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