Godmother Fucker

Souriez, vous êtes marraine ! (Damned...!)
Souriez, vous êtes marraine ! (Damned, shit happens…!). Photo : Angelina Jolie dans Maleficent, 2014.

Un hochement de tête des parents bannira tout soupçon concernant votre susceptibilité à apprécier la géniale contorsion orthographique dénommant le précieux mouflet, fruit de recherches laborieuses et d’engueulades dissimulées sous une montagne de dragées.

Ne devenez jamais Marraine. Ni mère, ni nounou, ni instit’, ni copine vis à vis du divin enfant, cet entre-deux inconfortable vous placera dans la position désagréable de faiseuse de miracles attendue. Une Mary Poppins puissance mille, mais sans l’avantage de pouvoir prendre la poudre d’escampette par les airs si vous avez ras l’ombrelle du Grimlins dont vous avez la charge.
Il conviendra donc de ne pas vous faire pièger par des parents énamourés effectuant leur demande avec une stratégie de braconniers calculée. Tel un Richelieu qui recommandait, à la manière des grands fauves, de « ne dormir que d’un œil« , méfiez-vous de la prise en tenaille. Un bon repas un brin arrosé en guise de piqûre hypodermique préventive, le chérubin babillant en substitut de filet posé à terre, un oui timide et embué de votre part, et paf ! Vous voilà les pattes en l’air, ligotée dans le rôle de marraine la fée. Damned ! Que n’avez vous repris du Crémant, petite malheureuse ! Vous voici poings et escarpins liés au rôle dévolu de Godmother ! Et vous allez en baver grave, comme disent nos jeunes.

Tout d’abord, il vous faudra survivre à la messe de baptême. A moins d’être sous amphétamines-bonne-mine, ne pas sombrer dans les bras de Morphée ou de votre voisin de confessionnal, relèvera de la transfiguration. Les catholiques ont le chic pour les cérémonies empreintes d’une morgue à vous déprimer un Patrick Sébastien sans coussin-péteur. Evidemment, vous serez sommée d’offrir la médaille, la timbale, la baballe en argent ou en or, selon les préférences des parents, qui exigeront sans en avoir l’air, que le meilleur pour leur petit. En-dessous du Christofle, point de salut. A moins de bénéficier d’une astuce vintage, vous ferez office de grippe-sous.
Bien entendu, il conviendra de ne pas pouffer lors de l’énumération des prénoms des baptisés à l’église Saint Nectaire ce jour-là. L’originalité ou les résurgences de noms antédiluviens en cette seconde décennie du XXIème siècle, vous fournira un sujet d’étude fort intéressant sur cette aptitude qu’ont les néo-géniteurs à fouiller dans l’Almanach Vermot 1914 : Apolline, Sixtine, Léontine, Amicie, Honorine, Léontine, Marcel, Octave, Basile, Hilaire, Gaspard, Mathurin, Tancrède ainsi que d’autres horreurs fleurant la naphtaline et la madeleine de Proust, traduisent un net désir d’ascension sociale ou celui de se démarquer de la masse à ton prix via leur progéniture en passe d’être ointe. Il est à parier qu’à l’âge ingrat, ces pauvres petits au mieux, feront la gueule à leurs parents de les avoir affublés du prénom de l’arrière-grand-oncle; au pire, repeindront leur chambre en noir, se feront tatouer et finiront tout de cuir vêtus avec un rat sur l’épaule pour le plaisir de se venger. Les Océane, Jenny, Sandy, Lili-Rose, Johnny, Bryan, Ryan, Jordan, quant à eux, feront office de marqueurs sociaux révélant les goûts musicaux et télévisuels de parents issus de milieux populaires, irrémédiablement attirés par les strass et les paillettes, la Harley, Closer, le kikou-LOL et TF1.

Par ailleurs, il fera bon ton de rester neutre en cas d’urgence lorsque, le regard plein de reconnaissance, les parents vous demanderont votre avis sur le prénom hors du commun choisi pour la chair de leur chair. Dans tous les cas, affirmez que c’est parfait. Ne vous étalez pas plus. Moins vous en dites, plus grand sera votre pouvoir de persuasion. N’oubliez pas, comme chez Molière, vous êtes une sorte de Grand Mamamouchi. Un hochement de tête de vos interlocuteurs bannira tout soupçon concernant votre susceptibilité à apprécier la géniale contorsion orthographique dénommant le précieux mouflet, fruit de recherches laborieuses et d’engueulades sans doute toutes aussi fructueuses, dissimulées sous une montagne de dragées.
A propos de dragées, cela aussi, vous n’y couperez pas. Si vous n’avez aucune attirance pour cette friandise agrémentant les ballotins miniatures en cartonnette très cul-cul-la-Praline, les noeuds-noeuds roses ou bleus, vous voilà mal barrée. Amande enrobée d’une fine couche de sucre, la dragée est on ne peut plus traître. Après tout, nul ne sait quand elles ont été fabriquées exactement, peut être au temps où l’Almanach Vermot avait pignon sur rue ? Votre seule chance sera de tomber, à la rigueur, sur des dragées fourrées de chocolat, tout en priant pour ne pas y laisser votre couronne en croquant. Par une geste de prestidigitateur, les moins aptes à apprécier l’indispensable élément de la panoplie « baptême », dissimuleront le ballotin dans leur sac à main, tout cela au nom de la nostalgie qui vous étreindra lorsque le petit Clotaire passera le Bac. Les plus perfides étaleront avec adresse les-dites dragées sur la nappe, faisant mine d’en avoir englouti la moitié. Et d’exprimer avec un ton de regret faux-cul, « Désolé, je n’ai plus de place dans mon estomac, quel dommage, elles sont délicieuses… ».

Chuut... ne dites pas ce que vous pensez réellement du prénom choisi...
Chuut… ne dites pas ce que vous pensez réellement du prénom choisi…
Si vous acceptez de devenir marraine, il vous faudra aussi savoir faire... ça !
Si vous acceptez de devenir marraine, il vous faudra aussi savoir faire… ça ! Etre marraine, c’est devenir un peu sorcière…
Par contre, si on vous énerve, on vous conseille un bon coup de boobi-diboodidiboo !
Par contre, si on vous énerve, on vous conseille un bon coup de boobi-diboodidiboo !

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