De l’intérêt… des noces royales de William et Kate Middleton.

En ce 29 avril 2011, c’est le « B » Day. « B » comme « British« , car aujourd’hui, pour quelques heures, les français grincheux sont tous un peu anglais. Anglais et un peu royalistes sur les bords, même !

En dépit de ce que tout notre cœur de républicains peut penser, la monarchie fascine toujours. La monarchie britannique, un drôle de phénomène constitutionnel faisant cohabiter turlututu-couronnes-pointues avec la valse des Tories et des Travaillistes sur fonds d’isoloirs remplis d’un peuple royaliste-républicain, chapeau melon et bottes de cuir coincés entre deux chaises. Les anciens contre les modernes. Cup of tea dans un boudoir feutré or no future façon Sex Pistols urinant sur les années Thatcher.

Oui, nous sommes tous un peu anglais aujourd’hui. On envie un peu cette part d’Histoire avec un grand « H », qui se déroule sur cette île si particulière où subsiste encore carrosses dorés, corgies galopant en file indienne entre une reine inoxydable et son mari, le prince, en retrait, trois pas derrière. Surtout faire gaffe à ne pas marcher sur la papatte des toutous royaux. Le reste, on s’en fout. Et le reste, c’est le Prince Phillipe alias, le Prince Consort… Trois syllabes étranges qui résonnent en plusieurs calembours. Prince con sort. Prince qu’on sort tout court, même. Le jeu de mots était trop facile, le symbole « homme-bibelot » trop évident. On s’égare.

"Salut les pauvres !"
« Salut les pauvres ! »

Drôle de pays que l’Angleterre. A Londres on y croise des bobbies vaguement ridicules avec leurs chapeaux ronds, des gardes royaux à la tête surmontée d’une moumoute en poils d’ourses défiant la coiffe de Marlène Dietrich dans « L’Impératrice Rouge« , des corbeaux royaux jalousement chouchoutés dans les entrailles de la Tour de Londres (la légende dit que lorsque tous les corbeaux de la Tour disparaîtront, la monarchie aussi, brrrrr….), des écussons Windsor sur les boîtes aux lettres. Quand on lève la tête vers Buckingham, le cerveau enregistre inconsciemment la présence ou l’absence du drapeau sur la forteresse grise, signal que sa Majesté est dans les parages ou bien partie se ressourcer à Balmoral. Dans votre mug, l’étiquette de votre thé Twinnings sera également frappée du sceau royal. Jusqu’ici tout va bien, la marque est toujours fournisseur officiel du tea time de la Reine. La couronne se porte aussi dans les rues de Nothing Hill, version cheap & chic, strass et paillettes, la jupe courte et les jambes nues même par des températures spectaculairement basses. C’est le côté fou de ces anglaises qui n’ont pas froid qu’aux yeux, jouant avec les symboles de leur monarchie. Crown is fun & beautiful.

Et le touriste français descendant de coupeurs de têtes à particules, baigne agréablement dans cette atmosphère d’un autre temps. Se prend à penser que ce petit côté improbable et rétro est appréciable, jusqu’à penser à l’importer outre-manche… après tout, leur gouvernement ne se porte ni moins bien, ni mieux que le nôtre… La monarchie britannique, c’est comme une Rolls Royce : tout le monde rêve d’en posséder une, mais serait bien embarrassé si cela était le cas. Si le flegme britannique se vérifie aisément au quotidien (un retard de métro de 30 minutes n’engendre aucun hurlement haineux de la part des usagers pour le personnel du Tube, tandis qu’à Paris, quelques secondes de contretemps et nous sommes au bord de l’émeute), la culture Never explain, Never complain n’est absolument pas applicable pour le peuple belliqueux que nous sommes. Le français ne supporte aucune contrainte. Aucune entrave ne doit faire l’affront à son bien-être relatif. C’est son côté atta-chiant. Alors, cautionner les noces de deux tourtereaux richissimes, tu parles, Charles !

Et pourtant… l’œil républicain, s’attardera quand même, goguenard, gourmand, sur le tabloïd Bon Chic Bon Genre du « Point de Vue et Images du Monde » spécial Mariage. En douce, le révolutionnaire feuillettera les aventures nuptiales des rosbifs brûlant d’amour… Ma foi, tout est tout de même bien beau : Westminster en fleurs, l’arrière-train de Pippa, le baiser royal furtif mais sincère sur le balcon grisâtre de Buckingham, la robe très Grace Kelly de Kate… La rêverie passée, il repliera sa panoplie quotidienne : Le Parisien au bras, baguette Franprix en bandoulière. Cynisme en poche, il s’esclaffera sur les ratiches de William qui courent après le bifteck (comprenez, les dents en avant !), le jaune Shortbread qu’arborait sa Majesté et sifflera d’envie à la vue de l’Aston Martin customisée d’un Just Wed’ par les amis des mariés, brin d’irrévérence annonçant, on l’espère, de futurs monarques assez jeunes et intelligents pour comprendre leur époque. Et leurs futurs sujets.

God Save the Royal Wedding !
God Save the Royal Wedding !

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