Qu’est-il arrivé à…JAMES BOND ?

Euh... Vladimir ?
Euh… Vladimir ?

Arriva sans crier gare Daniel Craig avec ses faux airs de Poutine. On cru à une erreur de casting. Putain, ils nous avaient mis un agent russe !

Qu’est-ce qu’on s’marrait, James. Quand tu étais encore incarné par Sean Connery, l’écossais à la tête dure, qu’est-ce qu’on s’marrait. James, il avait toujours ce parfum de décontraction qui le suivait jusque dans les situations les plus désespérées. Un flingue braqué contre lui, une bombe prête à raser la planète en moins de deux, un méchant M.Spectre caressant son angora immaculé en ricanant, James, ça ne lui faisait pas peur. Il avait toujours un bon mot pour décanter la situation, une dernière insolence avant de sortir quelque gadget meurtrier de l’ami Q. Qu’est-ce qu’on s’marrait, James.
Même quand tu emballais les nanas, tu n’étais pas vraiment un gentleman : un brin goujat, il n’aurait pas fallu compter sur toi pour apporter le petit-déjeuner au lit, à moins d’un microfilm ou d’une turlute à la clef.

Qu’est-ce qu’on s’marrait, James. Il suffit de voir ton portrait officiel en 007 : smoking impeccable et flingue à la main, ton air goguenard l’emporte sur le sérieux de circonstance qu’il aurait été bon ton d’afficher. Les bonnes âmes pensaient que c’était le flegme britannique, mais les pas dupes comme moi savaient que tu le prenais franchement par-dessus la jambe. Les filles canon qui tombaient en pâmoison dans tes bras, les casinos, les Aston Martin, les palaces luxueusement piégés…il fallait de l’abnégation pour subir tout cela. Agent 007, au service de sa majesté, ah, ah, ah, what else ? Elisabeth II ne pouvait pas soupçonner que tu faisais ce métier plus pour les cuisses de soie de ces demoiselles que pour un jour aspirer à l’Ordre de la Jarretière. Qu’est-ce qu’on s’marrait, James. Parce que toi, tu étais un mec drôle, pas poli pour deux sous avec tes ennemis, tu avais l’humour vachard d’un film à l’autre. Tu étais même sacrément prétentieux quand un jour, tu répliquas à la phrase suivante: Vous savez qu’un enfant sur cinq qui vient au monde est chinois ? « Vous direz à Mao que je ne pourrai plus maintenir le rythme. » C’était mieux que du Delon. Qu’est-ce qu’on s’marrait James, c’était le bon temps…

Qu’est-ce qu’on s’marrait… Après toi, il y eu bien des ersatz de 007 : Georges Lazenby trop collet monté qui eu l’humiliation d’être l’acteur réduit à une unique prestation dans ton personnage. Puis, il y eu Roger Moore, un brin efféminé. Il a une excuse, Roger, on était dans les années 70, les cols pelle à tarte, les chemises roses à froufrous que n’aurait pas renié Michou, le nœud pap’ satiné… Là aussi, on s’est marré, mais au détriment de ce pauvre Roger. Mais Roro n’en était pas moins élégant, il avait ce petit air craintif sur la photo avec son flingue, cet air trompeur de ne pas y toucher, ce côté cul entre deux chaises situé entre Le Saint ou Lord Brett Sinclair. Un british prout-prout dont on avait finit par s’habituer, mais toujours en se remémorant nos meilleurs moments potaches… Qu’est-ce qu’on s’marrait, James.Les années passèrent avec leur lot de Bond, tous plus ou moins mauvais : Pierce Brosnan, trop américain et pas assez sympathique pour en faire un compagnon de beuverie, puis Timothy Dalton, bon camarade mais un peu brut de décoffrage… On s’marrait pas, James, cependant, dans notre coin, on espérait… qu’on aurait peut être George Clooney. Entre deux torréfactions, il serait parfait en agent irrévérencieux. Surtout que l’ami George traînait comme toi une belle réputation de célibataire endurcit et de fêtard averti dans son lupanar du lac de Côme…ça pouvait coller…

Arriva sans crier gare Daniel Craig. Et là, James, la surprise nous fit frôler la descente d’organes. Danny, il était aux antipodes de tout ce que tu représentais. Avec ses cheveux blond en brosse, son regard venu du tréfonds de la Baltique, ses faux air de Poutine, on cru à une erreur de casting. Putain, ils nous avaient mis un agent russe ! « Vous faites erreur, monsieur, le rôle du fouteur de merde qui veut faire sauter la planète tout en nourrissant son matou au Sheba, c’est sur la droite.« … Ben non. C’était bien lui. Daniel Craig. Imaginez un mec qui émet constamment le rictus contrarié de celui qui vient de manger un citron acide, des pupilles d’azur plissées du type constipé depuis trois semaines, une démarche raidie par un trop plein de musculature. Pire, James Bond est devenu homme-sandwich pour diverses marques versées dans les nouvelles technologies. Oh qu’il est joli le beau plan sur le dernier I-phone, sur la montre, les écouteurs, l’ordinateur et j’en passe… Tandis que toi, Sean, le vrai, tu te contentais de rouler nonchalamment en Aston Martin et puis basta ! Que t’avaient-ils fait, mon vieux ? A ton époque et entre deux combats, l’odieux Dr.No et toi tailliez la bavette, c’était même assez spirituel pour des répliques de cinéma. C’était sympa, divertissant, reposant avant de passer aux choses sérieuses. Avec Danny, ce n’est plus pareil. James Bond est devenu une machine à tuer. On achève d’abord, on cause après. Sauf qu’avec un mort, c’est pas très pratique. Même pas le temps de faire une blagounne, de le dérider un peu. Non, avec une morgue que n’aurait pas reniée un agent du KGB, Daniel accomplit sa tâche en robot professionnel, les yeux sans âme visant je ne sais quel au-delà.

Mais Danny a beau avoir un costume parfaitement cintré, être filmé par tous les pores en H.D et doté d’un self-control redoutable, rien n’arrive à me le rendre sympathique. Dans la vraie vie, je l’imagine se coucher à l’heure des poules, dans son lit fait au carré, la tête posée sur un polochon bien dur qui ne dénoterait pas dans une chambre spartiate, quasi monacale. Au petit matin, Danny se lèvera pour son footing de 30 km, puis se ruera sans passion sur un déjeuner frugal, toujours avec cette moue de constipé qui me désespère. Je lui aurais bien proposé une petite dragée Fuca, mais je sais d’avance qu’il refusera avec une politesse froide et mesurée. Daniel aura une vie effroyablement saine : sans alcool, sans matières grasses, sans cigarettes et p’tites pépés… Pas même un poil pour se rattraper. Quand toi, Sean, tu affichais une moquette pectorale qui ne discutait pas de ta virilité, Danny apparaît imberbe, bien propret sur lui, histoire de ne pas laisser de traces dans la baignoire. C’est foutu, mon vieux, James Bond est devenu aseptisé. Un produit parfait, sans saveur et sans odeur, sans aucune aspérité pour se raccrocher à ce qu’il y avait de faillible et d’humain chez toi, très loin dans les années 60 …Qu’est ce qu’on s’marrait, James

Eh, Danny, relax, mec !
Eh, Danny, relax, mec !
Tu vas à la Première Communion de ton neveu, Roger ?
Tu vas à la Première Communion de ton neveu, Roger ?
Toujours aussi décontracté, pas vrai, Sean ?
Toujours aussi décontracté, pas vrai, Sean ?

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