Déception autour du Beaujolais Nouveau

Le Beaujolais Nouveau est arrivé… faites votre choix !

Il y a bien de jeunes crus qui essayent de se distinguer, mais dans l’ensemble, on retient toujours cette inévitable note de fruits rouges. Un peu comme les ingrédients d’une mauvaise confiture.

« Il est comment le Beaujolais Nouveau, cette année ? »

Pas si nouveau que ça, je dirais …Comme d’habitude, y a un goût d’ fruit. De myrtille, paraît-il.

« Et d’la mûre, y a d’la mûre ? »

Oui… y a la mûre… très mûre même … plus qu’à point…

 » Ah… et d’la pomme, y a d’la pomme ?* C’est un poncif gustatif mais… On peut rêver, non ? Certains y détectent même de la betterave, va comprendre… »

Oui… Y en a, comme dirait l’autre*…

« C’est emmerdant, quand même… Ah ! Et d’la banane, y a pas d’la banane, quand même ? On nous refait le coup chaque année… »

D’la banane ? Tu veux savoir s’il y a d’la banane ? Mais plus que jamais, mon loup ! Un régime entier même ! Et surtout, on trouve des peaux partout ! Une vraie patinoire…

 « Et d’la cerise, y a d’la cerise ? Parce qu’à chaque cuvée, on trouve d’la cerise. On ne sait pas quelle variété, d’ailleurs : Bigarreau, Napoléon, Reverchon, Montmorency… cette dernière a un petit côté snob, d’ailleurs. Les autres peuvent donner un arrière-goût assez aigre si on y prête attention. Mais on pardonne, car on croit que c’est un vin jeune, plein de promesses… Ce n’est qu’après le passage en fût que cela se gâte et qu’une note de vinaigre apparaît. »

Evidement qu’il y a d’la c’rise ! Tu ne comptais pas y échapper, non ?

« Décidément, on ne peut pas dire ad tempores, ad mores… c’est toujours pareil… Un vrai tutti-frutti de vieilles lunes… »

Il y a bien de jeunes crus qui essayent de se distinguer, mais dans l’ensemble, on retient toujours cette inévitable note de fruits rouges. Un peu comme les ingrédients d’une mauvaise confiture. Il est écrit ‘fruits rouges’ suivi d’un pourcentage variable. Il n’y a jamais de détails dans ces cas-là. A nous de deviner lesquels. C’est à nous de deviner ou d’accepter l’ignorance imposée.

 « Oh, alors, ce Beaujolais… il n’est pas si nouveau que ça, finalement ? Nous aurait-on menti jusqu’à la lie ? »

Mon p’tit Moût, désolé de te décevoir à nouveau, mais cet automne, cette cuvée primaire est kif-kif aux autres années. C’est toujours le même discours, les mêmes prétentions de piquettes déguisées sous de pompeuses appellations et des médailles en tocs. On nous jure de futurs grands crus une fois les années écoulées, on nous promet des bacchanales sans précèdent, des lendemains qui chantent, et pas que sous l’effet de l’ivresse. Mais le lendemain, on se lèvera inévitablement avec une gueule de bois.

  • Extrait du fameux dialogue du film « Les Tontons Flingueurs » de Georges Lautner, textes de Michel Audiard (1963) où, dans une scène d’anthologie, les protagonistes incarnés par Bernard Blier, Jean Lefèvre, Francis Blanche et Lino Ventura, dégustent une eau de vie trafiquée en tentant d’en déduire la nature. https://www.youtube.com/watch?v=8gSxHU7zA64

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