Indécence Royale

Plus que d’un futur roi ou d’une future reine, plus que d’un enfant, Kate Middleton accouchera d’une marque estampillée « Royal Baby« . Mais merde, au nom des torche-culs et des caméras de télévision, a-t-on le droit d’aller l’emmerder dans ce moment aussi intime ?

« The labour is beginned ! » tweete un journaliste anglais pas gêné le moins du monde de lancer à la face du monde que Kate Middleton éprouve en ce moment les douleurs de l’enfantement. « Le travail a commencé !« , Hourra ! Vite un article ! God save the press ! C’est officiel, Kate est enfin rentrée à la maternité. Le palais de Kensington a même confirmé l’info dans l’allégresse « She is in the early stages of labour « . God save the pudeur, on nous a épargné le degré de dilatation du col.

Les journalistes scrutent les allées et venues à la maternité St Mary, commentent et divaguent sur l’accouchement de la Duchesse de Cambridge, aussi sûrement que s’ils fouillaient eux-mêmes dans ses entrailles.

Pression médiatique, monarchique, pression populaire et royale sont le lot d’une jeune femme de 31 ans, Kate Middleton, qui a certes tiré le gros lot en épousant le second héritier de la couronne la plus convoitée au monde, mais pourtant, il n’y a rien à envier à la vie de la future princesse consort qui subit-là une pression médiatique inédite jusqu’à présent dans la famille royale : télé, radio, facebook, tweeter, impossible d’échapper à cette vague informative qui, si elle le pouvait, irait jusqu’à donner sa température rectale heure par heure. De la maternité de Kate, on saura tout, où du moins ce que les journalistes supposent : jour et heure de conception, jour et heure de délivrance, poids de l’enfant à naître sexe, chances de ressembler ou pas à Diana, à avoir ou pas les oreilles de Charles, les ratiches de William, le visage chevalin de feu la Princesse Margaret. La Reine Victoria n’aurait jamais pu imaginer que, un siècle après la fin de son règne, en 1901, une naissance royale ferait autant le tour du monde, en à peine de temps de lever son petit doigt pour boire sa tasse de thé.

Dans la course à l’indécence, il n’y a aucune limite. A la manière d’un trousseur de jupons empressé, certains journaux impatients de faire leur beurre autour de la naissance de l’enfant royal ont même poussé il y a quelques jours l’inconvenance jusqu’à donner de judicieux conseils pour accélérer l’heure de la délivrance. Passent encore les idioties ancestrales du type « mangez épicé », mais, dans le genre du plus mauvais goût le plus assumé les tabloïds ont préconisé… « des rapports sexuels »! Et puis quoi encore ? Sous prétexte que Kate Middleton doit donner un héritier au trône, les journalistes s’arrogent le droit de se fourrer jusque dans le lit du jeune couple.

Plus que d’un futur roi ou d’une future reine, plus que d’un enfant, Kate Middleton accouchera d’une marque estampillée « Royal Baby« . L’enjeu est d’autant plus grand pour cette primipare jetée en pâture aux à la presse, aux bookmakers, aux touristes avides de souvenirs kitsch composés de hochets, bavoirs et biberons labellisés du sceau de « La Firme » (surnom que donne non sans ironie Elisabeth II à la famille royale), aux niais crédules qui donneront à leurs propres enfants le même prénom que l’enfant royal, ces géniteurs roturiers s’illusionnant que leur progéniture issue de la plèbe connaîtra un destin tout aussi extraordinaire… Doux rêveurs amers dont les espoirs portent sur cette poudre aux yeux arrachée par procuration…

Quelle indécence de voir que toute une nation, fusse-t-elle aussi brillante que la Nation Britannique, agglutinée depuis des jours devant une maternité, qui perd tout sens commun. Spéculant, commentant, supputant sur ce qui doit se passer dans le ventre de Kate Middleton. Comment accouchera-telle ? Dans quelle position ? (certains journaux ont osé avancer que la Duchesse de Cambridge accoucherait à quatre pattes), en haletant, en silence, en hurlant son ire contre la couronne d’Angleterre ? Ah… quel beau monde que voilà ! Vautours sournois, misérables voyeurs hitchcockiens aussi inquisiteurs et froids qu’un spéculum, sombres idiots, farfouilleurs d’entrailles, connards bordeline…

Car au-delà de l’aspect commercial de l’affaire (selon une étude, la naissance royale emmagasinerait des millions de royalties issues autant du tourisme que de l’enthousiasme dans toute le Royaume-Uni et le Commonwealth),c’est d’abord d’un corps qu’il s’agit. Kate ne s’appartient plus. Sa part d’intime est étalée sur l’autel du voyeurisme le plus crasse que peut produire notre époque. Son corps de femme est depuis l’annonce de sa grossesse épié, commenté, son fameux « baby bump » soupesé, ses nausées comptées. Et c’est un peu près le destin de toute parturiente. Cette proéminence provisoire implique aux regards de la société le droit de juger, de loucher sur leur ventre comme autant de Madame-Sans-Gêne, de donner moult conseils, de s’improviser juge et propriétaire d’un corps.A une échelle mondiale, Kate Middleton subit cette arrogance. Certes, elle est payée « pour faire le job » : pour sourire, manger du pudding aigre, inaugurer avec un air de chatte apeurée quelque hôpital d’enfants cancéreux, recevoir avec les dents ultra-brite d’horribles bouquets criards, jouer au golf, serrer des milliers de mains et assurer le destin de poule pondeuse monarchique. Elle en est assurément parfaitement consciente. Mais merde, pour autant,au nom des torche-culs et des caméras de télévision, a-t-on le droit d’aller l’emmerder dans ce moment aussi intime ? Un peu de décence, messieurs, mesdames et please, par pitié, foutez une paix royale à Kate…

Courage Chérie, en accouchant, écarte les jambes et pense à l'Angleterre...
Cela vaut le coup d’être Princesse Consort pour recevoir des bouquets aussi moches !
Devant le St Mary Hospital, les corbeaux attendent...
Devant le St Mary Hospital, les corbeaux attendent…
La course aux souvenirs a déjà commencé. Un Royal Baby remporte des royalties...
La course aux souvenirs a déjà commencé. Un Royal Baby remporte des royalties…
Au pays du royal people, l'Enfer est aussi pavé de bonnes intentions...
Au pays du royal people, l’Enfer est aussi pavé de bonnes intentions…
Le retour de Chucky ? Non, les portraits robots du futur enfant de Kate et Will made in presse anglaise !
Le retour de Chucky ? Non, les portraits robots du futur enfant de Kate et Will made in presse anglaise !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s